rythmes et cadences en motion design

rythme de lecture : la tourne *

* La tourne concerne l’intervalle entre deux doubles pages, temps qui détermine le moment où l’on tourne la page.

 

Le livre est une succession de doubles pages. Chacune apporte la quantité d’informations nécessaires à la compréhension de l’histoire.
L’auteur peut souhaiter que chaque double page ait un encombrement (espace) de texte équivalent afin que le temps de lecture soit le même. Mais il peut aussi modifier le rythme en changeant sur une double page particulière la quantité de texte ou d’informations. La tourne devient plus rapide.

 

source : la cantatrice chauve – Eugène Ionesco – 1964 – Interprétations typographiques de Massin et photo-graphique d’Henry Cohen.

 

Dans les livres illustrés, l’auteur donne à chaque double page une durée qui va être le rythme de base. Il détermine le temps de l’histoire mais aussi le temps passé dans l’intervalle. Une double page peut aussi bien narrer une seule journée comme toute une année !

source : Little Nemo in Slumberland – Winsor McCay – bande dessinée créée en 1905 pour l’hebdomadaire New York Herald

 

Le lecteur traduit spontanément le temps qui n’est pas représenté, en reconstituant mentalement ce qui manque entre deux images. Lorsqu’il y a un changement de séquence, d’unité de temps ou de lieu, une indication en didascalie peut apparaître.

source : l’Arabe du Futur – Riad Sattouf – 2014

 

A l’inverse, dans une séquence contemplative, les cases s’élargissent. Ainsi, les variations du rythme se manifestent plus par l’image que par le texte.

source : ArzachMœbius (alias Jean Giraud) – 1975

 

Pour ménager un effet de surprise, on peut aussi finir la double page par une situation qui ne trouve sa résolution qu’à l’image de la page suivante. Certaines bandes dessinées ont été ainsi conçues en feuilleton. Dans ce cas, l’auteur fait en sorte de terminer sa page sur une case qui incite le lecteur à attendre impatiemment la suite.

 

source : les Aventures de TintinPlanches issues du Petit Vingtième n°3 du 19 janvier 1933 – Hergé

 

 

rythme des scènes : le montage

Dans un film, la cadence est imposée par le défilement des images : 24 images par seconde.
La perception du temps est donnée par la durée des plans, leur cadrage, la façon dont ils sont montés, mais aussi par le temps qui est induit entre deux plans ou deux actions.

Les plans se raccourcissent dans une séquence où l’on veut montrer tout le détail de l’action. A l’inverse, ils s’allongent pour traduire des séquences plus lentes.

 

Pour assurer la continuité du film, les plans se succèdent et trouvent leur place les uns par rapport aux autres. La compréhension du plan se fait par son association au plan qui le précède et/ou à celui qui le suit.

 

 

 

rythmes et respirations

Une histoire se compose d’une succession d’événements et de respirations. Enchaîner les surenchères d’actions sans laisser de respiration crée une dynamique entraînante mais peut aussi « épuiser » le lecteur/spectateur. Les moments d’action peuvent être équilibrés par des moments de silence et de vide, qui constituent une accalmie à l’action.

Ces moments de répit offrent au lecteur/spectateur le temps de respirer et d’assimiler les informations mais peuvent aussi symboliser l’ennui, le temps qui passe inexorablement…

Le vide ne signifie pas qu’il ne se passe rien, de même que le silence dans un film n’est pas une bande-son muette.
Travailler le silence et les vides, c’est faire comprendre qu’à l’instant présent et dans un lieu donné il ne se passe rien, tandis qu’ailleurs la vie continue…

 

 

Au cinéma, dans les années 50, la durée moyenne d’un plan était de plus de 7 secondes. Les films de cette époque étaient plus théâtralisés et prenaient le temps d’installer les scènes. Aujourd’hui, la durée moyenne des plans s’est très largement réduite et les productions insistent sur des découpages plus rapides et rythmés.

 

 

 

cadence et cassures

Chaque histoire a un rythme de base, une cadence plus ou moins soutenue selon le genre. Le rythme se cale sur la succession des actions et événements mais va aussi connaître des variations selon les moments clés de la narration. La cadence peut alors prendre différentes formes.

Progressive

Le rythme s’accélère ou ralentit régulièrement. Cela permet d’introduire un changement de situation ou de créer un effet de surenchère pour rendre la cadence plus soutenue.

Ponctuelle

Une cassure dans le rythme de base qui se manifeste par une accélération ou un ralentissement net.

Accidentelle

La variation n’arrive qu’une seule fois et la cadence reprend son cours normal. L’action qui est la cause de cette variation n’a pas eu d’incidence sur la vie des personnages.

Régulière

La variation intervient plusieurs fois dans l’histoire de la même manière. Elle accompagne un personnage ou un événement particulier.

Définitive

Le rythme subit une variation qui va imposer un autre rythme pour la suite. Dans ce cas, l’histoire peut changer de genre.

 

Liste des films : Rushmore – Reservoir Dogs – Chariots of Fire – Watchmen – The Hurt Locker – The Matrix – Dredd – Zombieland – The Untouchables – Thelma & Louise – The Darjeeling Limited – Ferris Bueller’s Day Off – 2001 : A Space Odyssey – Sherlock Holmes – Raging Bull – The Matrix Revolutions – The Usual Suspects – Inception – Spider-man – 300

 

 

les ellipses

L’ellipse est une information qui est tronquée et que le lecteur reconstruit plus ou moins spontanément. Elle permet de faire une saute temporelle, d’éviter une répétition ou ne pas perdre de temps dans une explication inutile.

L’ellipse peut se faire aussi bien en image qu’avec du texte, du dialogue, du bruitage ou de la musique. Par exemple, on peut situer une action avec une ambiance sonore sans avoir besoin de montrer l’ensemble du décor.