photomontage de Oscar Gustave Rejlander
ci-dessus
Les deux chemins de la vie, 1857,
peinture de Thomas Couture
ci-dessous
Les romains de la décadence, 1847,
Le photomontage est techniquement possible dès lors que la photographie a évolué pour permettre des manipulations, donc dès l’apparition du procédé « calotype » avec négatif papier qui permet d’utiliser le négatif pour un travail de montage.
Dans l’exemple présenté, c’est un montage d’une trentaine de négatifs impressionnés successivement sur le papier et fondus par masquage.
À la fin du XIXème siècle et jusqu’au début du XXème siècle, les photographes amateurs vont également s’approprier cette technique et composent des montages photographiques par collage.
Gustave Le Gray (1820-1884)
Gustave Le Gray, photographe français, s’est illustré dans les Marines, réalisées précisément entre 1856 et 1858 : en 1856 sur la côte normande, en 1857 aux bords de la Méditerranée et en 1858 en Bretagne.
Gustave le Gray associe, pour ses Marines, des ciels et des mers, car ces deux éléments nécessitent des temps de pose différents. Dans les 2 images ci-dessus, vous pouvez constater l’utilisation du même ciel combiné avec des mers différentes. Le Gray combine donc deux négatifs sur verre au collodion humide, l’un pour la mer, l’autre pour le ciel afin d’obtenir l’image souhaitée.
Ces photomontages datent de 1857, peu de temps après l’invention officielle de la photographie en 1839 et attestent donc d’une pratique du photomontage très tôt dans l’Histoire de la photographie.
Maurice Tabard (1897-1984)
Maurice Tabard, photographe français, a travaillé pour de nombreux magazines et a produit des photographies pour la mode et la publicité. Il appelle ses photomontages des « impressions simultanées » et les ajuste pour obtenir des images intéressantes qui tendent vers une réflexion.
L’espace de la photographie semble pluriel et contradictoire grâce aux rapprochements des images situées sur des plans différents. L’association d’éléments appartenant à des sphères différentes permet un basculement vers l’imaginaire.
Dans les années 1920-30, différents mouvements artistiques d’avant-garde (Dada, surréalisme, futurisme, constructivisme russe, …) s’emparent de cette technique déjà très largement utilisée pour en faire un moyen d’expression à part entière.
Le photomontage ou photocollage est une composition de fragments photographiques découpés, collés, parfois complétés d’ajouts picturaux et/ou d’éléments typographiques.
La photographie est alors utilisée comme l’un des éléments de la composition.
Raoul Hausmann (1886-1971)
Plasticien et écrivain autrichien, Raoul Hausmann réalise ses premiers photomontages au sein du groupe Dada Berlin mêlant photographies, dessins et caractères typographiques.
Dans les années 20 avec son ami Moholy-Nagy, il participe à divers mouvements révolutionnaires et antimilitaristes.
Les photomontages d’Hausmann sont issus des collages cubistes des années 1911-1912, des accumulations des textes découpés futuristes où la photographie est utilisée parmi d’autres éléments ; mais également par les découpages et collages d’images que les soldats envoyaient du front à leurs familles :
« Dans presque toutes les maisons se trouvaient accrochée au mur une lithographie en couleurs représentant sur un fond de caserne, l’image d’un grenadier. Pour rendre ce mémento militaire plus personnel, on avait collé à la place de la tête un portrait photographique du soldat. Ce fut comme un éclair, on pourrait –je le vis instantanément – faire des tableaux entièrement composés de photos découpées. »
Raoul Hausmann dans Courrier Dada, Paris 1958.
László Moholy-Nagy (1895-1946)
László Moholy-Nagy est professeur au Bauhaus de 1923 à 1928. Ses photomontages reprennent les principes du graphisme développés au Bauhaus : composition de l’espace par des lignes dynamiques, formes,… Il propose une utilisation plus graphique des photographies, elles sont présentes de manière fragmentaire. Sa page blanche est un espace qu’il investit avec différents médiums.
« Superposition de négatifs, tirages conjoints par masquage, superposition à la prise de vue sur négatif. Le principe du photomontage est toujours de créer une image rêvée, impossible à mettre en scène dans la réalité et de subvertir ainsi la vision par un pieux mensonge. »
Moholy-Nagy dans Vision en Motion, 1947
Gustav Klucis (1895-1944)
Photographe letton, Gustav Klucis élabore des photomontages militants. Il est l’un des maîtres du photomontage constructiviste russe des années 20-30. Il est également l’un des fondateurs en 1928 du groupe Octobre destiné à servir les besoins du prolétariat et joue un rôle actif dans la section photo de ce groupe.
« Le photomontage effectue un agencement des éléments formels, comme la photo, la couleur, le slogan, la ligne, le plan, pour atteindre un but unique : un plus grand effet plastique », « Le photomontage est l’un des instruments les plus efficaces et les plus percutants dans la lutte menée par la culture industrielle prolétaire pour l’éducation des masses. »
Klucis dans Le Photomontage, nouvel art de propagande
le photomontage contemporain
Martha Rosler
1. The Grey Drape, 2008
2. House beautiful : bringing the war home, 2004
Martha Rosler travaille dans la vidéo, la photographie, le texte, l’installation et la performance. Son travail se concentre sur la sphère publique, explorant les questions de la vie quotidienne et des médias à l’architecture et à l’environnement bâti, en particulier en ce qui concerne les femmes.
Mary Lum
1. Fifth Glance , 2011
2. Incident 1072 , 2011
Mary Lum capture l’essence de la vie moderne – avec son enchevêtrement d’hommes et de machines, de topographies urbaines et de flots continuels de mots et d’images – dans ses collages, installations et photographies conceptuellement complexes. Elle s’intéresse particulièrement aux détails méconnus des villes et des produits de consommation qu’elle découvre, isole et recombine dans ses œuvres.
Sarah Eisenlohr
1. Renewal, 2016
2. Walk on the beach, 2012
Sarah Eisenlohr est une artiste et graphiste basée à Montana, États-Unis. Elle utilise le collage comme moyen pour transformer des images existantes de paysage et d’architecture, tirées des magazines, et cherche à montrer l’influence des personnes vivant et interagissant avec ces lieux. Ses séries peuvent être considérées comme un effort pour recréer des paysages idéalisés et intacts en relation avec la dynamique de l’espace, du temps et de la culture.